Coralie Lescieux : “Ce que je préfère dans mon métier, c’est partager des émotions fortes”
Rencontre avec Coralie Lescieux, photographe de mariage depuis 2010. Passionnée, entière et instinctive, elle prône une démarche artistique humaine et unique.
D’où provient cette passion pour la photographie ?
La photographie a toujours fait partie de ma vie. Petite, mon père me prenait en photo avec un Nikon, puis il développait ses clichés dans une chambre noire à la maison. Ça faisait partie de mon univers. En grandissant, mon style s’apparentait beaucoup au street art, avec des natures mortes, puis il a évolué au fil des années.
Tu as obtenu un Master 2 en commerce international en 2007, avant de devenir photographe indépendante en 2010. Quel a été le déclic qui t’a décidé à en faire ton métier?
Ce n’était pas ma voie au départ mais c’est venu par la force des choses. En fait, j’ai découvert la photographie de mariage lors de mon propre mariage en 2009. C’était le début du numérique, j’ai été bluffée par ce changement de démarche du reportage du mariage de toute nouvelle génération. J’ai sympathisé avec mon photographe de mariage qui m’a alors proposé de l’accompagner sur deux reportages de mariage. Cela m’a permis de découvrir si ce monde-là me plaisait ou non. Il y a une grande différence entre faire de la photographie et devenir photographe de mariage ! Au final, j’ai adoré cette approche humaine où l’on rentre dans l’intimité des mariés et où l’on raconte leur histoire.
Raconte-nous tes débuts.
Je n’ai pas suivi de formation professionnelle, je suis complètement autodidacte sur la photo. L’expérience s’acquiert avec le temps, ainsi qu’avec le nombre de reportages effectués. J’ai commencé par réaliser un portfolio afin de montrer ce dont j’étais capable, puis j’ai posté une annonce sur le Bon Coin. J’ai eu la chance de rencontrer des couples qui m’ont fait confiance et avec qui j’ai lié des liens très forts. Très vite, je me suis aussi retrouvée sur des blogs de mariage comme “La mariée aux pieds nus”. Au fur et à mesure, je me suis améliorée et mes photos ont attiré d’autres couples, cela s’est fait naturellement.
Comment qualifierais-tu ton style ?
Mon style se veut intemporel avant tout. Il se rapproche du “moody” qui est un style très sombre et marqué, mais le mien est bien moins prononcé. Je ne veux pas que mes photographies soit marquées par un style particulier avec le risque qu’elles deviennent démodées plus tard. Mon style est assez naturel, je me fie surtout à la lumière. C’est elle, ainsi que les émotions des mariés, qui guident mon art : ce sont les mariés qui font l’histoire, pas moi.
Quelle est ta conception de ce métier ? La passion dépasse-t-elle le travail ?
Nous sommes prestataires de service, on nous donne une tâche importante à réaliser. J’ai toujours à l’esprit de rendre quelque chose de complet et qui réponde à l’attente de mes clients. C’est un travail artistique pour lequel on me choisit pour mon style de photographie. Cependant je suis désormais en mode pilotage automatique, c’est-à-dire que je fais les choses instinctivement. C’est un peu comme conduire, au début on pense à tout puis on prend confiance. Le temps et l’expérience font que je peux désormais me focaliser sur le déroulé, l’émotion, les personnes et les interactions entre elles. Je privilégie bien évidemment le plaisir des mariés au mien.
Quel est ton secret pour réussir tes photographies ?
J’utilise une application qui m’indique l’orientation et l’heure du coucher du soleil. C’est la lumière qui guide mes photos ainsi que l’endroit où je vais poser. Je ne fais pas de repérage, j’aime l’inattendu. Je me fie à mon feeling, même si j’ai bien évidemment des routines pour les photos de couple. Je connais désormais les poses les plus avantageuses et les petits détails qui font que la photo est un succès. Mes photos sont toujours guidées, dans le sens où je ne vais pas les prendre au hasard, mais c’est dans une approche d’accompagnement. Je ne vais pas refaire les moments, cela reste naturel.
Comment se passe ton travail post-traitement ?
J’utilise Lightroom, de la suite Adobe. J’ai mon traitement que j’affine et modifie chaque année au niveau des couleurs. Je reste quand même assez fidèle aux images de base mais il n’y a pas de secret : ce qui est important, c’est d’avoir réussi les photos au départ. Niveau post-traitement, c’est plutôt du recadrage pour ma part.
Retrouvez Coralie Lescieux sur son site et son compte Instagram.
Propos recueillis par Montaine Matuzac
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